2024 est une année pivot pour la filière professionnelle de la chaleur solaire.
En effet, celle-ci doit co-écrire, en lien avec les autres acteurs de la chaleur renouvelable et les pouvoirs publics, le plan national pour le solaire thermique qui doit conduire le pays à produire 6 TWh à l’horizon 2030. C’est un véritable changement d’échelle à opérer, avec un marché annuel qui doit décupler pour atteindre le million de m² de capteurs (700 MWth) d’ici 3 à 4 ans.
Cet essor va passer par la promotion des couplages 100% Chaleur EnR avec du solaire, la sensibilisation et la mise à niveau des prescripteurs sur ces solutions et par la formation des acteurs de la filière (BE, installateurs, exploitants) aux différentes technologies, afin d’augmenter le nombre de professionnels impliqués. Ces actions seront conduites avec les territoires (Régions, métropoles, communautés de communes, …) pour mettre en œuvre une stratégie de déploiement de la valorisation de la chaleur solaire par une approche sectorielle territoriale. Si des pistes d’action sont identifiées, d’autres sont encore à affiner ou à inventer.
Les professionnels présenteront l’ensemble de leurs propositions aux prochains Etats Généraux de la Chaleur Solaire, le 25 juin prochain à Marseille.
Concernant le segment du solaire thermique collectif, les choses vont dans le bon sens. La simplification administrative du Fonds chaleur retenue par l’ADEME va permettre d’engager plus de projets dès cette année. Le dispositif n’est pas encore adapté à la massification, mais il permet une montée en puissance qui se conjugue aux efforts engagés par SOCOL de fiabilisation des installations. SOCOL qui pousse en ce début d’année sa communication, avec 4 webinaires qui ont rassemblé des centaines de participants. D’autres actions sont programmées pour promouvoir des opérations exemplaires dans de nombreux secteurs (hôtellerie, habitat, santé, agriculture…), pour lesquelles vos retours nous seront précieux.
Pour le segment des grandes installations en revanche, la situation est critique. Le dispositif de soutien du Fonds chaleur via l’appel à projets « grandes installations » n’est pas en cause. C’est le caillou du ZAN, le Zéro Artificialisation Nette, dans la chaussure qui nous empêche d’avancer ! En effet, les centrales de production de chaleur solaire au sol ne sont pas traitées comme celles de production d’électricité solaire, qui peuvent déroger à la comptabilité ZAN affectée à chaque commune. En conséquence, les collectivités locales sont découragées de mobiliser du foncier pour produire de la chaleur solaire. Et ce déficit de foncier affecté aujourd’hui se traduira d’ici 2 à 3 ans par un lourd déficit de projets, qui nous fera manquer l’objectif 2030. Il faut donc sans tarder amender l’article 194 de la loi Climat résilience de 2021, pour que les installations solaires (ST et PV) présentant un intérêt majeur puissent bénéficier des mêmes conditions quant à la comptabilisation ZAN. Espérons qu’un véhicule législatif le permette dans les prochains mois.
Si vous souhaitez contribuer directement à l’élaboration du plan national pour le solaire thermique ces prochaines semaines, n’hésitez pas à contacter l’équipe d’Enerplan, à l’œuvre sur ce sujet d’une importance stratégique.
Et pour toutes et tous, rendez-vous à Marseille le 25 juin pour la présentation des propositions qui seront bonifiées par les pouvoirs publics. L’objectif est que le plan soit adopté à l’automne, avec une ambition forte et les moyens d’atteindre notre objectif de 6 TWh en 2030.
Richard Loyen
Délégué Général - Chargé des relations avec les collectivités et de la chaleur solaire